Une anglaise du début du 19ème

English version below

Voici une anglaise typique, un « cylindre » de 25 cm de haut en verre vert olive. Le fût est droit, d’aspect martelé – un effet que confère en général un moule en fonte –, légèrement tassé ou évasé à la base tandis que la piqûre porte la marque caractéristique du pontil au sable. Le col est court, trapu et porte une bague de col en anneau épais, qui surmonte un fort resserrement, très sensible en passant le doigt dans l’encolure. La base de la bague de col est parfaitement horizontale, ce qui donne à penser que cette base et le resserrement qu’elle surmonte résultent de l’utilisation, sans doute un peu excessive dans ce cas, d’un outil de conformage qui n’aurait pas affecté l’ouvrant supérieur, assez irrégulier. D’après la bague de col, la bouteille doit dater du tournant du 19ème siècle, vers 1800 (à une décennie près).

La bouteille est garnie d’une étiquette de décanteur à madère en argent, contemporaine de la bouteille elle-même (Londres 1808, orfèvre John Reily). Ces étiquettes en argent étaient plutôt destinées à des décanteurs présentés à table qu’à de simples bouteilles, qui étaient pourtant davantage présentes à table en Angleterre qu’en France (ci-dessous, gravure anglaise de 1797 montrant bouteille ou décanteur à une table de taverne).

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Parlant de France, voici une bouteille bordelaise « frontignane » qui doit être à peu près contemporaine de notre anglaise … les deux profils sont complètement différents, pour des bouteille qui pouvaient toutes deux contenir du vin.

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An early 19thC English cylinder

Here is a typical English “cylinder”, 25cm in height, blown in olive green metal. The body is a true cylinder, with a saggy base and a “hammered” aspect, which usually results from the use of cast iron moulds. Distinctive sand pontil mark at the push-up. The neck is short and sturdy, with a thick ring-shaped applied string rim over a striking constriction, strongly felt from the inner part of the neck. As the base of the string rim is perfectly horizontal, it seems probable that this base and the constriction below result from the (excessive) use of a finishing tool, with no obvious effect to the upper wavy lip of the bottle. From the string rim typology, the bottle must date back to the turn of the 19thC. i.e. c. 1790-1810.

The bottle is shown with a solid silver « madeira » decanter label, which is contemporaneous with the bottle (London, 1808, maker: John Reily). Such decanter labels were usually used with decanters rather than with bottles, although the presence of bottles was much more common at table in UK than in France (above, a 1797 print showing bottles/decanters with labels in a tavern).

Speaking of France, here is the typical shape and profile of a “frontignane” bottle (Bordeaux) which dates from approximately the same period as our English cylinder … totally different bottles for possibly the same use (wine)!

2 réponses à “Une anglaise du début du 19ème”

  1. Avatar de Serge ADAM
    Serge ADAM

    Toujours à la recherche de documentation sur nos bouteilles, j’ai trouvé sur Gallica dans un livre intitulé « Le Havre, guide du touriste au Havre et dans ses environs… par J. MORLENT », ce passage que je pense intéressant, mais il n’est peut être pas vraiment en rapport avec le sujet ?
    Une verrerie à bouteilles s’est établie dans une ancienne aciérie, sur les bords du canal Vauban: elle produit par mois 100 mille bouteilles.
    M.J. de CONINCK, en mentionnant ce chiffre du produit, ajoute « Un grand nombre de ces bouteilles sont importées en Angleterre. Envoyer des bouteilles en Angleterre semble au premier abord, porter de l’eau à la rivière; mais il faut savoir que les bouteilles commandées en France par les Anglais doivent porter, les unes le cachet du Cognac, et même de Vieux Cognac, et les autres avoir la forme et la couleur de Bordelaises, que les verriers anglais ne savent pas donner. Les premières sont destinées à être remplies, en Angleterre, de 3/6 anglais, étendu d’eau et coloré de plus ou moins de caramel, suivant que ce Cognac doit être plus ou moins vieux. Les Bordelaises sont remplies de Laffite, de Larose, de Château-Margaux et autres grands crus des caves de Liverpool et de Glascow. »

    1. Avatar de Thierry De Putter

      Bonjour Serge, merci pour ce commentaire que je trouve intéressant et qui démontre que certaines boissons s’exportent avec leurs bouteilles! Je suis peu convaincu par la recette du Cognac, en revanche :-0 … Merci de partager tes recherches et une excellente année 2016!

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