La bouteille que je présente aujourd’hui se trouve elle aussi, comme les deux précédentes, dans l’importante collection privée d’Y. Guilloux, dans l’Ouest de la France.
Il s’agit d’une bouteille de forme « mallet » en verre clair, vert olive et d’une hauteur de 19,6 cm. La bouteille a un col assez court, un peu tordu, et une bague de col dont la partie supérieure est saillante, en forme de champignon. Elle pèse 495 grammes et peut contenir un demi-litre. La piqûre porte une marque particulière, assez rare, à 4 lobes, contenant une sorte de croix. Un sceau porte le nom portugais « Andre Lopez de Castro ».
D’après la forme de la bague de col, cette bouteille peut être datée de la fin du 18ème siècle ou du début du 19ème siècle (Banks, 2002, voir biblio). La marque à la piqûre n’est pas fréquente mais je possède une bouteille anglaise (?), en verre clair et qui a aussi une marque cruciforme au cul, même si elle est moins marquée que celle-ci. Ces marques semblent correspondre à la prise d’un outil à 4 broches, peu connu à ce stade, et sans doute destiné à maintenir la bouteille pendant la finition de la partie supérieure.
Une bouteille semblable est publiée par Van den Bossche (2001 ; planche 186, p. 236) qui évoque la possibilité qu’elle ait pu servir à contenir un vin fébrifuge ou diverses autres boissons, comme du porto. Le point le plus intéressant est de savoir si ce type de bouteille est soufflé en Angleterre ou au Portugal (Van den Bossche mentionne les deux possibilités, sans réellement argumenter). La forme générale de cette bouteille évoque incontestablement les anglaises, non pas strictement contemporaines, mais plutôt plus anciennes de quelques décennies (en 1800, les anglaises sont cylindriques, hautes). Par ailleurs, un verre aussi clair est tout à fait inusité en Angleterre en 1800 (où le verre noir, au charbon, est la règle). Enfin, la prise à 4 griffes est une spécificité peu décrite en Angleterre. Pour ma part, et même si je reconnais que des travaux complémentaires sont nécessaires, j’envisagerais peut-être plutôt une production locale, portugaise, « dans le style anglais » mais avec une verrerie au bois (verre clair) et un caractère légèrement archaïsant pour l’époque.
La bouteille provient de la cave d’un armateur ou corsaire breton de Roscoff, une cave accessible à pleine mer en barque, ce qui permettait un déchargement discret de la marchandise (ou du butin …). Cette cave a été murée à la Révolution et l’est restée jusqu’à sa redécouverte, il y a une quinzaine d’années. Elle contenait une multitude de flacons de l’époque ainsi que des caisses en bois, cloisonnées en carrés, qui servaient au transport des bouteilles par mer. La cave contenait notamment plusieurs de ces bouteilles « Castro ».
A rare Portuguese-English bottle in a French private collection
The bottle shown in this post is kept in the important Guilloux collection, in Western France, as were also two rare bottles presented in a former post.
It is a mallet bottle blown in light olive green glass, some 19.6 cm in height. The bottle has a short, somewhat twisted, neck, and a “mushroom-like” string rim whose upper part is protruding. It weighs 495 grams and its content is half a litre. The push-up has a rare 4-lobed mark, with an inscribed cross. The seal has a Portuguese name “André Lopez de Castro”.
From the string rim shape, this bottle should date from the end of the 18thC or the beginning of the 19thC (Banks 2002, see references). The 4-lobed mark at the push-up is not frequent but I have an English (?) mallet in my own collection which also has a cross-shaped mark at the push-up, though less obvious than on the Castro bottle. Such marks seemingly correspond to the grip of a 4-branched tool – yet unknown to me – used to hold the bottle while finishing its top.
A comparable bottle is published by Van den Bossche (2001; plate 186, p. 236) who guesses that it may have contained a medicinal wine against fever or other wines/spirits, as port. The most interesting point is to decide whether this bottle was made in England or in Portugal (Van den Bossche mentions both possibilities, but gives no sound discussion). The shape of this c. 1800 bottle incontestably reminds English mallets, though older by some decades rather than strictly contemporaneous (c. 1800 bottles are mostly tall cylinders). Another point is that clear glass is rare in England in 1800, where most coal-heated glasshouses produced “black glass”. Eventually, the 4-lobed grip is rather specific and little known in England. I would personally favour the hypothesis of a local, Portuguese, production, in the English taste, but from a wood-heated glasshouse (clear glass) and with a definitely archaic character for its time. I admit that more work is needed to check this hypothesis.
This bottle comes from the cellar of a ship-owner and/or pirate (“corsaire” in French), in Roscoff (Brittany, W. France). At hide tide, this cellar was accessible with a rowing boat, which allows a discrete delivery of the goods, or rather of the booty. The cellar has been walled in the French Revolution (late 18thC) and has been preserved since its re-discovery, some 15 years ago. It contained a lot of ancient bottles and wood cases for a safe transportation of bottles across the ocean. Among other bottles, this cellar has several “Castro” mallets.
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