Dans un post précédent sur la bouteille scellée au nom d’Andre Lopez de Castro, j’avais évoqué la possibilité que la bouteille soit soufflée au Portugal. Olive Jones m’avait aimablement adressé un commentaire que j’avais posté et qui penchait plutôt en faveur d’une origine anglaise.
Au cours d’un séjour récent au Portugal, j’ai cherché à en savoir davantage. J’ai notamment trouvé un ouvrage de référence sur l’histoire du verre au Portugal (Mendes, 2002 ; voir bibliographie). L’auteur n’y analyse malheureusement pas de façon détaillée la production de bouteilles mais il donne un aperçu des verreries par époque (carte ci-dessous). Au 18ème siècle, les verreries étaient surtout présentes dans la région de Lisbonne et à Marinha Grande, près de Leiria. Cette dernière verrerie – la Real Fábrica de Vidros da Marinha Grande – est fondée en 1769 par un Anglais, William Stephens. Mendes (2002) précise qu’en 1789, la verrerie exporte ses productions, « à l’exception des bouteilles », vers l’Angleterre et ses colonies. Mendes (2002) illustre deux bouteilles scellées au même patronyme Andre Lopez de Castro (ci-dessous) et les attribue prudemment (avec un « ? ») à la verrerie de Marinha Grande. Cette attribution n’est pas autrement discutée dans le texte.
Pour le 18ème siècle, la question n’est donc pas tranchée … en revanche, au début du 19ème siècle, la verrerie de Vista Alegre (Ílhavo, près d’Aveiro) présente des bouteilles dans son catalogue de 1829.
Le problème des fabrications portugaises est compliqué par l’esprit d’imitation dont font preuve les verreries portugaises. Celui-ci est bien illustré par d’autres bouteilles, émaillées, que chacun – au premier coup d’œil – attribuerait aux régions alpines. Ces bouteilles sont pourtant incontestablement soufflées au Portugal, probablement dans la verrerie de Coina, fondée en 1719 à Barreiro, au sud de Lisbonne. Le Museu dos Biscainhos, à Braga, en conserve plusieurs exemplaires qui se distinguent d’ailleurs des modèles alpins par des formes plus épaisses et une ornementation incontestablement portugaise.
Il semble acquis que les verreries portugaises ont bien produit des bouteilles, de divers types, au 18ème siècle. Mais elles ont aussi fait preuve d’un fort esprit d’imitation des autres verreries européennes et cela complique l’identification des productions nationales. La question est encore compliquée, pour les bouteilles de verre noir, par les relations étroites avec l’Angleterre dans la production et le commerce du vin de porto. L’Instituto do vinho do Porto présente une évolution de la forme de la bouteille de porto, fort proche de celle des bouteilles anglaises, mais ne précise pas où ces bouteilles étaient soufflées ! De même, le museu do vinho do Porto, à Porto, présente des bouteilles du 18ème siècle, mais sans préciser leur origine. Les historiens portugais ont produit une littérature considérable sur le commerce du vin de porto mais accordé bien peu d’attention aux bouteilles qui contenaient ce précieux nectar.
18thC Portuguese bottles
In a previous post on an “Andre Lopez Castro” sealed bottle, I raised the possibility that this bottle was blown in Portugal. Olive Jones kindly sent me a comment leaning more in favor of an English origin, that I posted.
In my recent stay in Portugal, I tried to learn more. I found a reference book on the history of glass in Portugal (Mendes, 2002; see references page). The author unfortunately does not focus on bottle production but he provides an overview of Portuguese glasshouses, per century (map below). In the 18th century, glasshouses were mostly located in the region of Lisbon and Marinha Grande, near Leiria. The latter glasshouse – the Real Fábrica de Vidros da Marinha Grande – was founded in 1769 by an Englishman, William Stephens. Mendes (2002) states that in 1789, Marinha Grande exported its productions – “except bottles” – to England and its colonies. The author presents two more “Andre Lopez de Castro” bottles and carefully (with a « ? ») assigns them to the Marinha Grande glasshouse. This hypothesis is not further discussed in the text.
In the 18th century, the issue is not solved … however, in the early 19th century, the Vista Alegre glasshouse (at Ílhavo, near Aveiro) has bottles in its 1829 catalogue.
The problem of Portuguese production is further complicated by the fact that local glasshouses display a high level of imitation. This is well illustrated by other enameled bottles that everyone – at first glance – would attribute to Alpine lands. These bottles are yet undoubtedly blown in Portugal, most probably in the Coina glasshouse, founded in 1719 in Barreiro, south of Lisbon. The Museu dos Biscainhos, in Braga, keeps lots of such bottles that differ from their Alpine counterparts by thicker bodies and an undeniably Portuguese ornamentation.
It seems that Portuguese glasshouses undoubtedly produced various bottle types in the 18th century. But they also demonstrate a strong taste of imitation of other European glasshouses and this complicates the identification of national productions. The issue is still further complicated, for black glass bottles, by close relations with England for the production and trade of Port wine. The Instituto do vinho do Porto presents an evolution of the shape of the port bottle which is similar to the evolution of English bottles, but does not specify where these bottles were blown! In the same way, the museu do vinho do Porto, in Porto, displays 18thC bottles but does not give any information on their place of production. More work is needed, as Portuguese historians have yet produced a considerable literature on the Port wine trade but paid little attention to the bottles that contained this precious wine.
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