Anglaise ou française?

English version below

Voici une bouteille un peu étonnante parce qu’elle présente certaines caractéristiques anglaises – la forme très quadratique, le col et la bague de col – et, dans le même temps, une piqûre avec une marque de canne, inconnue sur les bouteilles anglaises mais plus fréquente sur les françaises.

Où donc a été soufflée cette curieuse bouteille?

On sait que certaines verreries françaises soufflaient des « anglaises ». C’est attesté notamment par le célèbre catalogue de la verrerie Dioncq-Lenglé à Dunkerque, datant de 1809.

Anglaise

Une datation début 19ème n’est pas improbable pour notre bouteille : elle est suggérée autant par la marque de canne à la piqûre – qui tend à disparaître complètement entre 1800 et 1850 en France – que par la forme du col et de la bague de col (fin 18ème – début 19ème d’après la typologie de Banks, 2002).

Une dunkerquoise, donc ? Peut-être, même si je trouve plus d’affinités entre le modèle de Dioncq-Lenglé et cette autre bouteille atypique de ma collection, que j’ai déjà présentée (ci-dessous). Il nous faut sans doute admettre que les bouteilles pouvaient être soufflées, ici ou là, selon les souhaits du client. La bouteille ci-dessus ressemble bien plus à une véritable anglaise que la mienne. Pour autant, une technologie aussi spécifique que la reprise de la piqûre à la canne de soufflage, présente sur les deux bouteilles, me conduit à privilégier l’hypothèse d’ »anglaises » soufflées en France et non l’inverse.

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Et le mystère s’épaissit encore si l’on sait que la bouteille ci-dessus a été trouvée en Guyane … Tous commentaires bienvenus !

English or French?

Here is an uncommon bottle which displays some definite English characteristics – the very quadratic shape, the mouth and the string rim – and a blowpipe pontil scar, a feature that is most uncommon with English bottles and much more frequent with French ones.

Where was this curious bottle blown?

We know that some French glasshouses produced « English » bottles. This is clearly attested by the catalogue of the Dioncq-Lenglé glasshouse in Dunkerque (Northwestern French coast), dating from 1809.

An early 19thC dating is not unlikely for this bottle: it is suggested by the blowpipe pontil scar – which tends to disappear completely between 1800 and 1850 in France – and by the distinctive shape of the string rim (late 18thC – early 19thC, according to the typology of Banks, 2002).

A “Dunkerquoise”, then? Perhaps, even if I find more affinities between the bottle of Dioncq-Lenglé and this other atypical bottle in my own collection, which I have already posted on the blog (see below). We probably have to admit that bottles could be blown, here or there, according to the wishes/requirements of the customer. The above bottle is much more like a genuine English one than mine. However the use, on both bottles, of the blowpipe to force the push-up is a distinctive technique that leads me to privilege the hypothesis of « English » bottles blown in France rather than the opposite.

And the mystery still thickens if we know that the above bottle was found in Guyana … All comments welcome!

Une réponse à “Anglaise ou française?”

  1. Avatar de Serge ADAM
    Serge ADAM

    Je confirme que les verreries françaises fabriquaient des bouteilles anglaises, j’ai trouvé des documents sur la verrerie de Saint Léger des Vignes (Nièvre) daté de 1856 et 1865 qui en soufflaient, ce qui correspond à ta datation, il est donc sur que la piqûre devait être identique pour ces bouteilles anglaises que pour les bouteilles françaises, la couleur était précisée bouteilles anglaises verre clair et bouteilles anglaises verre ordinaire, en deux tailles bouteille et 1/2 bouteille, pour l’année 1865 il avait même été fabriqué des bouteilles anglaises à moltet ?

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