Frontignan, frontignane ?

English version below

Voici une assez rare bouteille de verre clair et torsadé (ref. TDP 284) que l’on attribue généralement au muscat de Frontignan (Hérault). Celle-ci est relativement haute, près de 32cm, pèse 511 grammes et contient un peu moins d’un litre (96.8cl). Le verre est délicatement bleuté et les torsades sont parfaitement exécutées (l’une d’entre, au niveau du col, étire une bulle). La bague de col a été rapportée assez maladroitement et est en forme de goutte, tombante, dont la partie supérieure est aplatie sur le col de la bouteille. La piqûre est massive, de forme quadrangulaire et la marque du pontil est comme « fripée ». Par comparaison avec d’autres bouteilles bordelaises, je daterais celle-ci de la 1ère moitié du 19ème siècle (je dirais vers 1840).

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On sait qu’en 1809 à Dunkerque, la « frontignane » est une appellation équivalente à la « bordelaise » (catalogue de la verrerie Dioncq-Lenglé) et que les deux se caractérisent par la forme tronconique inverse du fût. Cette caractéristique est vérifiée dans notre exemplaire même si j’ai dû prendre les mesures pour m’en convaincre : le diamètre de l’épaulement est 6mm plus grand que celui du posant (91 contre 85mm) … les torsades trompent l’œil de l’examinateur !

Quoi qu’il en soit, tout cela n’explique pas pourquoi les bordelaises sont appelées des frontignanes même si on sait qu’il en est ainsi depuis 1735 à la verrerie bordelaise de Bourg : « « 14 novembre 1735 : Reçu du sieur Letellier, négociant de Bordeaux, la somme de 3900 Livres Tournois pour payement de vingt mille huit cents bouteilles frontignanes d’un demy pot… » (Dabas & Orsini, 2005, p. 53 ; pdf disponible dans la bibliographie).

Sur ce sujet, relire aussi le papier de Tim Eldridge, en 2014.

Frontignan (wine), ‘frontignan’-style bottle ?

Here is a rather rare bottle of clear and twisted glass (ref. TDP 284), generally attributed to the “muscat de Frontignan” sweet wine (Hérault, S. France). It is relatively tall, around 32cm, weighs 511 grams and contains little less than 1 liter (96.8cl). The metal has a nice teal color and the swirls are perfectly executed (one of them, at the neck, stretches a bubble). By contrast, the string rim has been applied awkwardly and is drop-shaped, drooping, its upper part flattened on the neck of the bottle. The push-up is massive, of quadrangular shape and the pontil has « wrinkled » its tip. Compared with other Bordeaux bottles, I would date this one from the 1st half of the 19th century (my best guess is c. 1840).

It is known, from the 1809 catalogue of the Dioncq-Lenglé glassworks at Dunkirk that the « frontignane » bottle is equivalent to the “bordelaise” bottle; both are characterized by the flowerpot shape of the cylinder. This is verified in my frontignane even if I had to take measures in order to convince myself: the diameter of the shoulder is 6mm larger than that of the base (91 vs. 85mm). Swirls fool the eye of the examiner!

Anyway, this does not explain why Bordeaux bottles are called “frontignanes” even if we know that it has been so since 1735, at the Bordeaux glassworks in Bourg: “November 14, 1735: received from Esq. Letellier, merchant at Bordeaux, the sum of 3900 pounds for the payment of twenty thousand eight hundred frontignane bottles of a half-pot… ” (Dabas & Orsini, 2005, p. 53; pdf available in the bibliography).

On this topic, see also the paper by Tim Eldridge, in 2014

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