Encore Lopez de Castro

English version below

En mars 2016, j’ai présenté la bouteille Lopez de Castro d’Yvon Guilloux. Cette année, j’ai eu la chance incroyable d’en trouver une autre, chez une antiquaire bretonne. Elle avait une bordelaise un peu ancienne dans sa vitrine et je suis rentré pour l’examiner. Comme d’habitude, j’ai demandé, par acquis de conscience, si elle avait d’autres bouteilles. « Oui » me répond-elle et elle disparaît dans son arrière-boutique. Je m’attendais – comme d’habitude – à une bouteille quelconque mais c’est bien cette belle Lopez de Castro qu’elle m’a amenée ! Je me suis emparé de la bouteille pour l’examiner à la lumière et m’assure que je ne rêvais pas … puis, évidemment, la question fatidique : « combien ? » Je n’ose pas écrire le prix demandé mais je n’ai même pas songé à discuter ! Manifestement, la dame n’avait aucune idée de la rareté de cette bouteille …

Un coup de fil à Yvon et nous avons comparé les deux bouteilles, qui doivent quasiment à coup sûr venir de la même cave de Roscoff, qui contenait d’autres bouteilles de ce type relativement rare.

André Lopez de Castro est associé à l’ « eau d’Angleterre » (Água de Inglaterra), une infusion d’écorces de quinquina qui fut introduite au Portugal à la fin du 17ème siècle par le Dr Fernando Mendès. Ce dernier mourut rapidement après et, plus tard, c’est Jacob de Castro Sarmento, médecin à Londres et auteur d’un traité sur l’usage et l’abus du quinquina (Londres, 1756), qui répand à son tour le remède au Portugal. André Lopez de Castro poursuit l’œuvre de son oncle et le remède se généralise, à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème, au Portugal et au Brésil. Nos bouteilles doivent dater de cette même époque, fin 18ème ou début 19ème, qui a vu la diffusion large de l’eau d’Angleterre, remède contre les fièvres.

Entretemps, je n’ai pas trouvé plus d’indications sur le lieu de fabrication de ces bouteilles et j’en reste à l’hypothèse qu’il s’agit de bouteilles anglaises, fabriquées pour des clients portugais. J’écris « des » clients (au pluriel) parce qu’à côté d’André Lopez de Castro, il y a aussi Joao Antonio Pereira (d)e Souza, dont une rare bouteille est présentée dans la galerie du « Antique Dispensary » (lien). Cette dernière bouteille est mentionnée dans le livre de commandes de la verrerie de Beilby (à Newcastle upon Tyne), le 15 août 1795, ce qui démontre que ce type de bouteilles-là était bien fabriqué en Angleterre. Il est donc vraisemblable que les Lopez de Castro l’aient été aussi, surtout compte tenu de l’ancrage londonien de l’oncle Jacob !

Un heureux hasard, le genre de trouvaille dont tout collectionneur rêve – autant pour la bonne affaire que pour la poussée d’adrénaline que provoque une telle trouvaille – relance donc, 4 ans après mon premier post, cette histoire médicale anglo-portugaise dont quelques témoignages ont dormi dans une cave de Roscoff, avant de se répandre dans diverses collections, dont la mienne ! 2020 aura été une année pourrie sous maints aspects mais pas pour ma collection : après des trouvailles dans l’Est de la France, voici ma pêche bretonne de cette fin d’été, au complet … Merci à Yvon Guilloux et Yvon Boileau pour leur aide, dans la préparation de ce post !

Lopez de Castro once more

In March 2016, I presented the Lopez de Castro bottle from Yvon Guilloux. This year, I was lucky enough to find another one, at a antique dealer in Brittany. She had an old Bordeaux bottle in her display and I went inside to examine it. As usual, I asked if she had any other bottles, off chance. « Yes » she answers me and she disappears into her back room. I expected – as always – some low-grade ordinary bottle but she brought me this beautiful Lopez de Castro instead! I grabbed the bottle to examine it in the light and assure myself that I was not dreaming… then, of course, the fateful question: « How much?  » I dare not write down the price she asked but I didn’t even try bargaining! Obviously, she had no idea how rare this bottle was…

A phone call to Yvon and we compared the two bottles, which must almost certainly come from the same cellar in Roscoff, which contained other bottles of this relatively rare type.

André Lopez de Castro is associated with the “English water” (Água de Inglaterra), an infusion of cinchona bark that was introduced to Portugal at the end of the 17th century by Dr. Fernando Mendès. The latter died soon after and, later on, it was Jacob de Castro Sarmento, doctor in London and author of a treatise on the use and abuse of cinchona (London, 1756), who in turn spread the remedy in Portugal. André Lopez de Castro continued the work of his uncle and the remedy became widespread, at the end of the 18th century and the beginning of the 19th, in Portugal and Brazil. Our bottles must date from the same period, late 18th or early 19th, which saw the wide diffusion of English water, a remedy for fevers.

In the meantime, I have not found any further indication of the place of manufacture of these bottles and I remain in the hypothesis that they are English bottles, made for Portuguese customers. I write “customers” (plural) because next to André Lopez de Castro, there is also Joao Antonio Pereira (d)e Souza, a rare bottle of which is presented in the gallery of the “Antique Dispensary” (link). This bottle is mentioned in the order book of the Beilby glassworks (in Newcastle upon Tyne), August 15, 1795, which shows that this type of bottle was indeed made in England. It is therefore likely that the Lopez de Castro were too, especially given the London roots of Uncle Jacob!

This happy coincidence, the kind of find that every collector dreams of – as much for the good deal as for the adrenaline rush that such a find provokes – therefore relaunches, 4 years after my first post, this Anglo-Portuguese medical history of which some testimonies slept in a Roscoff cellar, before spreading into various collections, including mine! 2020 will have been a rotten year in many ways, but not for my collection: after some nice finds in Eastern France, here is my Breton fishing for this end of summer, in full …

Thanks to Yvon Guilloux and Yvon Boileau for their help in preparing this post!

2 réponses à “Encore Lopez de Castro”

  1. Avatar de Guilloux
    Guilloux

    Bonjour Thierry Je suis très content de voir ta découverte. Toujours aussi belles ces sacrés bouteilles. Les miennes ont été découvertes à Roscoff dans la cave d’une maison d’armateur de corsaire du roi. Je suis très curieux de connaître l’endroit de ta trouvaille . Une pièce de musée. Un pontil à 4 points où verre coupant ? Fabrication anglaise où portugaise ? Bien cordialement Yvon

    Envoyé de mon iPad

    >

  2. Avatar de Geoffrey Luff
    Geoffrey Luff

    Wow ……

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *