Comment déterminer facilement l’origine géographique d’une bouteille de la 2ème moitié du 18ème siècle? Quelles sont les caractéristiques qui permettent de poser un diagnostic?
Il y en a trois qui me paraissent importantes:
- La forme générale de la bouteille et notamment celle du fût
Les bouteilles françaises présentent assez généralement, dès la première moitié du 18ème siècle, un fût tronconique inversé avec un angle de dépouille, indice d’un soufflage en moule semi-enterré. Voici cet effet sur une champenoise datant de 1750 environ:
Cette caractéristique semble propre à la France: on ne la retrouve systématiquement ni sur les bouteilles anglaises, ni sur les bouteilles belges (ou hollandaises). Au contraire, ces dernières montrent souvent un fût cylindrique avec une base un peu « tassée » sur elle-même (les Anglais utilisent volontiers le mot « saggy » pour décrire cet effet).
Attention, la règle n’est pas générale et quelques (rares?) bouteilles françaises montrent également ce tassement! Par exemple, ici, une bouteille scellée en verre brun datant de la 2ème moitié du 18ème siècle et que je pense provenir du Sud de la France:
Dans ce cas, ce sont d’autres caractéristiques qui font penser à une origine française: marque au cul de la bouteille (voir ci-dessous), bague de col (voir ci-dessous également) et, dans une moindre mesure, couleur du verre …
Dans la 2ème moitié du 18ème, les fûts des bouteilles belges sont généralement des fûts cylindriques droits, sans l’angle de dépouille typique des bouteilles françaises.
Les bouteilles anglaises sont relativement standardisées et souvent de couleur sombre (fours au charbon). Elles présentent systématiquement, dans la deuxième moitié du 18ème siècle, un fût cylindrique droit, sans l’angle de dépouille typique des bouteilles françaises. Sur le cliché ci-dessous (extrait du livre de W. Van den Bossche, voir page biblio), on observe le tassement de la base, particulièrement sur les deux bouteilles de gauche et de droite:
- Le « cul » de la bouteille
Les traces à la piqûre (ou plus communément au « cul ») de la bouteille sont également assez différenciées en fonction de l’origine.
Les bouteilles anglaises montrent de manière quasi systématique et exclusive le « sand pontil » ou pontil au sable, très reconnaissable:
Les bouteilles françaises et belges ont des marques différentes, de trois sortes: (1) l’anneau de verre entourant la canne est commun pendant la 2ème moitié du 18ème siècle:
mais il est encore attesté occasionnellement dans la 1ère moitié du 19ème siècle. Il ne peut donc être considéré comme un critère de datation univoque du 18ème siècle!
Une autre marque courante sur les bouteilles françaises et belges du 18ème siècle est (2) la marque circulaire laissée par un pontil cylindrique (EN: « disc pontil« )
Enfin, vers la fin du 18ème, on trouve également (3) les restes d’une paraison de verre, souvent accompagnée de traces d’oxydes de fer.
- Le col et la bague de col
Les bagues de col, éléments discrets par la taille, sont néanmoins relativement pertinents pour différencier les bouteilles françaises, belges et anglaises.
Les bouteilles françaises ont fréquemment de solides bagues de col à section nettement triangulaire, évoluant vers une forme en écharpe vers la fin du 18ème siècle.
Les bouteilles belges, quant à elles, ont des bagues de col plus fines et à section arrondies, parfois placées assez bas sur le col de la bouteille, ce qui semble assez caractéristique des productions belges.
Les bouteilles anglaises ont bénéficié de nombreuses études détaillées et leurs bagues de col sont les mieux connues. Leur forme est complexe et évolue dans le temps, ce qui permet une datation remarquablement précise. Voir la planche: Cols bouteilles anglaises (Banks, F., 2002, voir page biblio).
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