La gravure de couverture de ce post est accompagnée d’un article de 5 pages, publié en 1747 dans le Universal Magazine (n° de septembre, p. 149-153). Cet article, non signé, comprend notamment une longue « recette » du verre que je restitue ci-dessous, en transcription littérale, suivie d’une traduction en français. Il est intéressant de noter que le texte décrit une recette primitive très semblable à celle donnée, à la fin du 17ème siècle, par le chimiste allemand Johann Kunckel, pour la fabrication du verre dans le Nord de l’Allemagne : « dans le Holstein et le Mecklenburg, on n’emploie quasi rien d’autre que des cendres et un peu de sable pour [fabriquer] le verre » (« Ja in Hollstein und Mecklenburg wird fast nichts als Asche und gar wenig Sand zum Glas gebraucht »).
Si l’on résume le texte ci-dessous, on s’aperçoit également que la recette anglaise se résume à (1) de la silice (SiO2, à partir de gravier, silex, sable) et (2) des alcalins – sodium (Na, « soda ») et potassium (K, « kali ») – contenus dans les cendres de divers végétaux. L’auteur note que le potassium est préférable au sodium, qui donne une teinte bleue au verre. L’adjonction de manganèse (Mn, « maganese », sic) et de fer (Fe, « sydera ») permet d’obtenir une meilleure couleur et transparence.
Voici le texte de notre auteur anonyme:
[…] « Les matériaux qui rentrent dans la composition du verre sont : une sorte de cendres appelée Polverine ou Rochetta et une pierre transparente appelée Tarso, qui est une sorte de marbre italien, ou Puocoli ou Cuogolo, une variété de galets trouvée dans le fond des rivières ; ou n’importe quelle pierre blanche transparente qui ne se transforme pas en chaux. Bien que rien ne fasse un verre plus clair et transparent que le silex, s’il doit être préparé facilement. Quand aucun de ces ingrédients n’est disponible, le verrier y substitue un sable blanc fin, comme celui exploité près de Maidstone dans le Kent, pour le cristal, et une variété plus dure et grossière, comme celle ramenée de Woolwich dans le même comté, pour le verre vert et le verre à bouteilles. Mais quand l’artisan désire une meilleure couleur et transparence, il ajoute une petite quantité de Maganese (sic) ou de Sydera, une sorte de substitut d’aimant tiré des flancs des collines de Mendip, ou [provenant] d’Allemagne et d’Italie.
Les cendres sont extraites d’un végétal ou plante appelé par certains Kali ou Soda, par d’autres Salt-wort (litt. « plant de sel ») ou Glass-weed (litt. « mauvaise herbe à verre ») et par d’autres noms trop ennuyeux pour qu’il soit nécessaire de les rappeler ici. Le Kali provient de Syrie et est ramené d’Alexandrie et d’Égypte. Ces cendres sont bien plus blanches, et font un bien meilleur verre, que celles qui sont faites de Soda et qui abondent en Espagne, dans le Languedoc et en Égypte – et qui donnent une teinte bleutée au cristal. [Dans le passé,] c’étaient les seuls ingrédients ; jusqu’à ce que, dans les dernières années, on démontre que les cendres de fougères ne sont, en aucune manière, inférieures à la Polverine. Et il est raisonnable de penser que les cendres de cods (?) et de tiges de haricots, de coleworts (?), de buisson de ronces, de tiges de millet, de paille ou de paille de fougères pourraient aussi répondre à l’objectif de fabriquer du verre, si elles étaient préparées de la même manière.
Ces cendres contiennent un sel qui ne s’évapore pas même s’il est soumis à la plus intense chaleur et qui est proprement l’esprit du verre. Et la différence entre Polverine et Rochetta résulte seulement de la manière dont sont préparées les cendres des mêmes herbes. Quand ces cendres sont soigneusement pulvérisées et réduites en une fine poudre, elles prennent le nom de Palverine (sic). Mais quand elles sont transformées en gros blocs durs comme le silex, elles sont appelées Rochetta et doivent être réduites en poudres pour pouvoir être utilisées.
Dans le choix de ces matériaux, celui qui contient le plus de sel(s) est le meilleur. Et bien que cela puisse être dans une certaine mesure évalué avec la langue, la meilleure méthode reste de le tester dans un creuset. » […]
In an English glasshouse, 1747 : glass ingredients
The woodblock print in this post goes with a 5 pages-long unsigned paper published in the September issue of the Universal Magazine (p. 149-153). The paper includes a long section dedicated to the ingredients needed to prepare glass, which is transliterated below. It is interesting to note that this early English recipe is similar to the one given, at the end of the 17thC, by the German chemist Johann Kunckel for the making of glass in Northern Germany: “nothing else is used, in Holstein and Mecklenburg, to make glass, than ashes and few sand” (« Ja in Hollstein und Mecklenburg wird fast nichts als Asche und gar wenig Sand zum Glas gebraucht »).
When summarized, the text makes it clear that the ingredients are: (1) silica (SiO2, from pebbles, flint, and sand) and (2) alkalis – sodium (Na, “Soda”) and potassium (K, “Kali”) contained in the ashes of a wide variety of plants. The author notes that potassium is better than sodium, which gives a blue cast to the glass. Better colour and transparency are obtained by adding manganese (Mn, “maganese”, sic) and iron (Fe, “sydera”).
Here is the text of our anonymous author :
[…] “the materials now made use of in the composition of glass, is a kind of ashes called Polverine or Rochetta, etc. and a white transparent stone called Tarso, which is a sort of Italian marble, or Puocoli or Cuogolo a sort of pebbles found at the bottom of rivers; or any transparent white stones that will not burn to lime. Though nothing makes fairer and more transparent glass than flint, could it be prepared at an easy rate. – where none of these stones are to be procured, the glass-maker substitutes a fine white sand, such as is dug up near Maidstone in Kent, for crystal-glasses, and a harder and more gritty sort, such as is brought from Woolwich in a same county, for green and bottle-glass. But when the artist proposes a most perfect colour and transparency, he adds a small proportion of the Maganese (sic), or Sydera, a kind of bastard loadstone dug out of the bowels of Mendip-hills, in Somersetshire, as well as in Germany and Italy.
The ashes are made from a vegetable or plant called by some Kali and Soda, by others Salt-wort and Glass-weed, and by other names too tedious, as not altogether necessary for me to recall. The Kali is a native of Syria, and is brought from Alexandria and Tripoli. These ashes are much whiter, and make a better glass, than those which are made of the Soda, that abounds in Spain, Languedoc, and Egypt, and makes the crystal have a bluish cast. These were the only ingredients; till, of late years it has been proved, that Fern-ashes are no ways inferior to the Polverine; and it is no improbable conjecture, that the ashes of Cods and Stalks of Beans, Coleworts (sic), Bramble-bush, Millet-stalks, Rushes, Fern-rushes, etc. would also answer the like purposes in glass making, were they prepared in the same manner.
These ashes contain a salt, which will not evaporate with the most intense heat, and is, as it were, the spirit of Glass. And the difference between the Polverine and Rochetta, is only the method by which the ashes from the same herb are prepared. When those ashes are truly pulverized or beat to a fine powder, they assume the appellation of Palverine (sic): But when those ashes are by art made up into great lumps as hard as flints, they are called Rochetta; which must be reduced to powder before it be fit for use.
In the choice of these materials; that which contains the most salt, is the best. And tho’ this may in some measure be known by touching it with the tongue, the best method is to try it in a melting pot.” […]
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