Bouteilles anglaises datées, le prix de la certitude … ou le goût du risque ?

Le marché des bouteilles françaises diffère du marché anglais par plusieurs aspects – c’est une chose que j’aborde annuellement dans un post sur l’état du marché. Le point qui marque la différence la plus spectaculaire est certainement le prix des bouteilles anglaises, scellées et datées. Globalement, si le prix d’une bouteille anglaise ordinaire du 18ème siècle est de quelques centaines de livres, celui d’une bouteille scellée au nom de son propriétaire sera 5 à 10 fois plus élevé et celui d’une bouteille attribuée et datée dépassera facilement 20 fois ce prix. Il est rare de trouver une telle bouteille datée pour moins de 1500 à 2000£ (2000 à 2650€). Pour les bouteilles de la meilleure qualité, et en état optimal, des prix atteignant ou dépassant 10.000£ (13.000€) sont possibles.

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Oignon scellé portant un sceau I*I 1693. Les bris anciens ont été restaurés par des agrafes métalliques. Hauteur 16 cm. Inventaire C.383-1993. Photo © Victoria and Albert Museum (Londres)

Je n’ai jamais entendu parler de tels prix en France. Une bouteille scellée se trouve dans une gamme de prix comprise entre quelques dizaines et quelques centaines d’euros et les bouteilles datées sont rares mais je doute fort qu’elles atteignent les 15.000€. Ce qui est le plus étonnant dans un tel prix, c’est que – pour un collectionneur averti – l’âge d’une bouteille non scellée ni datée est facile à déterminer, à 10 ans près. Une bouteille de 1690, non scellée (contrairement à celle illustrée ci-dessus), sera aisément identifiée par un connaisseur. Le sceau vient évidemment confirmer cet âge mais le prix de la certitude me paraît, dans de nombreux cas, extrêmement élevé. Peut-être faut-il d’ailleurs prendre un autre aspect en compte … celui de la spéculation ! Dans son récent ouvrage sur les bouteilles scellées (2014), David Burton ne s’en cache pas. Les meilleures bouteilles sont, selon lui, de bons placements … c’est un pari sur l’avenir, qu’il sera peut-être difficile de garantir sur le long terme !

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Très rare bouteille scellée et datée Robert Kitching 1724, hauteur 16,5 cm. Musée de Londres, inv. A10014; photo © Museum of London

English dated bottles: the price of certainty … or a taste for risk?

The French bottle market differs from the English bottle one by many aspects – I am exploring this regularly when posting my annual price trend paper. The most striking difference is obviously the high price of sealed and dated English bottles. If the price of an ordinary 18thC English bottle is typically a few hundred pounds, it will be 5 to 10 times higher if the bottle is sealed with its owner’s name and at least 20 times higher if the bottle is attributed and dated. Such dated bottles are rarely sold for less than 1,500 to 2,000£ and the best examples may achieve prices as high as 10,000£ or even more.

Fig.1. Blown glass bottle of depressed globular shape, with short neck and string rim. With seal impressed ‘I*I 1693’. Large old crack has been conserved with staples. Height: 16 cm. Museum number: C.383-1993. Picture © Victoria and Albert Museum

I have never heard of such high prices on the Continent. A sealed bottle will be typically sold for few tens to hundred euros. Dated continental bottles are rather rare but I doubt they would achieve prices as high as 10.000£. What surprises me in such a price is the fact that the age of a bottle is by no means difficult to fix, even though with a ±10yr error bar – at least for a trained connoisseur. A non-sealed 1690 bottle (unlike the one illustrated above), will be easily recognised as a late 17thC one by the serious collector. The seal undoubtedly brings additional certainty but the price of that certainty seems to be rather high. Record prices may in fact result from another factor, which is … speculation. In his remarkable recent book on sealed English bottles (2014), David Burton states that the best bottles are good financial investments. In my eyes, this is a bet on the future and it might be difficult to guarantee it on the long term!

Fig.2. Very rare sealed and dated bottle Robert Kitching 1724, height 16.5cm. Museum of London inv. A10014; picture © Museum of London

Une réponse à “Bouteilles anglaises datées, le prix de la certitude … ou le goût du risque ?”

  1. Avatar de MATIN François
    MATIN François

    En effet je ne pense pas que de telles sommes soient investies en france par un collectionneur moyen. Se sera plus du ressort d’un musée. Quoi qu’il en soit, posséder une bouteille de prestige comme celles ci est le Saint Graal à mon sens. Il y a quelque chose de magique quand on peut déterminer avec exactitude une période et déchiffrer une estampille. Mais avoir en plus une date sur une vieille bouteille c’est inimaginable… Et cela à certe un prix tant le flacon est rare.

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