Sur le commerce du Bourgogne

English version below

Dans le précédent post, j’avais évoqué le commerce de vin entre la Bourgogne et la région de Liège. Deux réactions très intéressantes d’Yves Boileau et Serge Adam ont apporté des éléments supplémentaires sur ce commerce, au 18ème et sous l’Empire.

Une des maisons actives à l’exportation est la maison Labaume l’Aîné, fondée à Beaune en 1734. Les documents de la collection d’Yves Boileau montrent que : « l’exportation vers les provinces belges et hollandaises (et les États allemands) était assez active. Il est vrai que les campagnes révolutionnaires puis napoléoniennes ont aussi permis d’accroître les ventes de vins fins aux bourgeois et hobereaux fortunés du nord de l’Europe… Les négociants bourguignons exportaient surtout des fûts [ce qui confirme les témoignages de mes interlocuteurs belges qui évoquaient la situation au 19ème], mais parfois aussi des « paniers » de bouteilles pour les meilleurs crus, Chambertin, Clos Vougeot, Nuits-St Georges, Volnay. Des petites bouteilles échantillon servaient souvent pour faire goûter le vin aux acheteurs les plus raffinés et connaisseurs. » Les figures montrent de rares étiquettes lithographiées de ces crus, datant de 1800 environ, et une facture de bouteilles pour la même maison Labaume, en 1814 (collection Yves Boileau).

1814 Facture Bouteilles  Millencourt-Paris à Labaume.jpg


L’existence de ces petites bouteilles, appelées « essay » est confirmée par Serge Adam qui a trouvé sur le site de la Bibliothèque de France, un document intitulé « Dissertation sur la Situation de Bourgogne et sur les Vins quelle produit etc… » daté de 1725, où ces bouteilles sont décrites : « On appelle essay en Bourgogne une petite bouteille ronde en long de trois à quatre pouces sur deux de circonférence, qui se rétrécissant tout à coup dans le haut pour former un petit goulet, ouvre un petit rebord pour recevoir le vin et le bouchon. » Les figures montrent quelques bouteilles échantillons, d’âge plus récent (19ème), pour différents vins – la bouteille datée est une bouteille à bourgogne (collection Serge Adam).

Merci encore à Serge et Yves pour leurs apports !

On Burgundy wine trade

In my previous post, I mentioned the wine trade between Burgundy and the Liège region. Two very interesting replies by Yves Boileau and Serge Adam provided additional elements on this business, in the 18thC and the 1st Empire.

An active Bourgogne wine trader and exporter was Labaume the Elder, founded in Beaune in 1734. Documents in the collection of Yves Boileau show that « the export to the Belgian and Dutch provinces (and the German states) was quite active. It is true that the revolutionary and Napoleonic campaigns have also helped to increase sales of fine wines to wealthy bourgeois and esquires of northern Europe … The Burgundian businessmen mainly exported barrels [which confirms the testimonies of my Belgian interlocutors who evoked the situation still prevailing in the 19thC], but also sometimes “baskets” of bottles for the best wines, Chambertin, Clos Vougeot, Nuits St Georges, Volnay. Small sample bottles were often used to allow the most refined buyers and connoisseurs testing the wines.” The figures show rare lithographed wine labels dating from c. 1800 and a bottle delivery voucher and bill for the same wine trader Labaume, in 1814 (Yves Boileau collection).

The existence of these small bottles called « essay » is confirmed by Serge Adam who found on the website of the “Bibliothèque de France” a document, dated 1725, called “Dissertation on Burgundy and the Wines its produces etc …” where these bottles are described: “What is called “essay” in Burgundy is a small round bottle, three to four inches in length and two in circumference, which narrows suddenly at the top to form a small neck and presents a small rim (= mouth?) to receive the wine and the cork. » The figures show some sample bottles of more recent age (19thC), for different wines – the dated one has a typical Burgundy shape (Serge Adam collection).

Thanks again to Serge and Yves for sharing their expertise and pictures!

2 réponses à “Sur le commerce du Bourgogne”

  1. Avatar de BOILEAU
    BOILEAU

    La dénomination « essays » pour les petites bouteilles d’échantillons de vins de Bourgogne, citée plus haut par Serge Adam, est extraite d’un texte précurseur publié en 1728 par l’Abbé Arnoux. Allez vite feuilleter cet extraordinaire et passionnant document, le premier livre consacré au Vin (avec un grand V) de Bourgogne.
    C’est un ouvrage de base, qui fourmille de détails et de précisions pratiques, d’une actualité étonnante. Il est à lire absolument, et dans le texte de l’époque (téléchargeable sur internet).
    Même les belges s’y retrouveront vite dans le français littéraire du début 18ème…
    Tout juste peut-on reprocher à l’auteur la certitude affirmée avec laquelle il prétend que « Beaune est l’ancienne Bibracte », cité antique sur les ruines de laquelle sa bonne ville de naissance aurait été édifiée…
    Il est vrai que (presque) tous les « sçavants » de cette époque étaient unanimes sur cette localisation très fausse. Si vous voulez visiter les restes de Bibracte, il vaut mieux prendre la direction du Morvan, chercher Autun et ses belles ruines, puis monter dans les chênaies vers le chantier de fouilles et le Musée (superbe).

  2. Avatar de BOILEAU
    BOILEAU

    Je m’aperçois tardivement que j’ai qualifié de « lithographiées » des planches d’étiquettes en réalité… typographiées, imprimées sur du vénérable papier « à la cuve ».
    Celles-ci sont évidemment rarissimes, datées à coup sûr d’avant 1815, preuves en mains signées du père Labaume soi-même…
    Leur graphisme est… sommaire et dépouillé.
    Mais l’ancienneté de ces étiquettes de Côte d’Or est, à mon avis, imbattable.

    Si vous voulez vous faire une idée des premières étiquettes bourguignonnes lithographiées (en couleurs) , il vous faudra encore franchir une bonne trentaine d’années (vers 1850/60) pour les voir sortir des ateliers beaunois du lithographe Claude Cottelot, qui les signe.

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