Une bouteille à vin de 1735 sauvée des eaux

English version below

Voici une bouteille haute de 23cm et qui se caractérise par un poids très léger (435 grammes), une forme en maillet (« mallet ») et un col fin et haut. Le verre est de couleur brun sombre, avec des reflets ambrés par transparence. La surface de la bouteille est terne et a subi diverses altérations (incrustations d’organismes marins, griffes, pseudo-craquelures), dues à un séjour sans doute prolongé dans l’eau de mer. La piqûre porte la trace d’une canne à souffler utilisée comme pontil tandis que la bague de col est ondulante, vaguement biconique et apparemment constituée de plusieurs couches de verre superposées.

Cette bouteille au fût bas et au col fin ressemble fortement aux bouteilles représentées sur le tableau « La halte de chasse » (1737) du peintre Carle Vanloo, conservé au Musée du Louvre.

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Elle se distingue bien, en revanche, des bouteilles de/à champagne représentées sur le tableau, quasiment contemporain (1735), de Jean-François de Troy représentant un déjeuner d’huîtres. Dans notre cas, le fût de la bouteille est droit alors que celui des bouteilles à champagne est tronconique inverse (en « pot de fleur »). Il est d’ailleurs clair, sur le tableau de Vanloo, qu’il s’agit ici d’une bouteille à vin rouge et non à champagne.

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Cette bouteille est intéressante parce qu’elle est assez rare et qu’une comparaison avec une peinture connue et bien datée permet de la dater avec précision. Elle suggère aussi que les bouteilles à vin de la 1ère moitié du 18ème siècle étaient fort légères – contrairement aux bouteilles fortes à champagne.

A wrecked and recovered early (c. 1735) French wine bottle

This bottle is 23cm in height and is characterized by its light weight (435 grams), its distinctive mallet shape and its tall and narrow neck. The glass is dark brown in color with amber reflections in transparency. The surface of the bottle is dull and the body displays various alterations (incrustations of marine organisms, scratches, pseudo-cracks), resulting from a presumably long stay in seawater. The push-up has a blowpipe pontil scar. The string rim is a bit wavy, vaguely bi-conical in shape and apparently made up of several superimposed layers of glass.

This bottle with a low body and a tall neck closely resembles the bottles depicted on the painting « La halte de chasse » (1737) by the French artist Carle Vanloo, now kept in the Louvre Museum, Paris.

Our bottle is also clearly different from the champagne bottles depicted on the almost contemporary painting of Jean-François de Troy representing an oyster lunch (1735). Here, the body of the bottle is strictly vertical while that of champagne bottles is a truncated cone (usually known as « flowerpot »). It is also clear from Vanloo’s picture that this is a bottle made for red wine and not for champagne.

This bottle is interesting because it is quite rare. A comparison with a known and well-dated painting moreover allows to date it with precision. It further suggests that French wine bottles of the first half of the 18thC were very light-weighted – contrary to the heavy-weighted champagne bottles.

2 réponses à “Une bouteille à vin de 1735 sauvée des eaux”

  1. Avatar de ADAM
    ADAM

    Thierry ta bouteille ressemble effectivement comme une soeur jumelle à celle représentée dans « La Halte de Chasse » du peintre Vanloo, voilà quelque années j’ai acheté une bouteille de gin ou de rhum qui présente les mêmes caractéristiques que celle que tu possèdes, à une personne qui en vendaient plusieurs qui avaient aussi séjourné dans l’eau, ils les avaient trouvé aux Etats Unis d’Amérique, dans des dépôts près de la mer où elles avaient été déposé en grand nombre, une pratique courante d’après cette personne. Curieusement ta bouteille comme la mienne n’est pas terni ni altéré uniformément, la moitié seulement, c’est curieux !
    C’est une belle trouvaille.

  2. Avatar de Thierry De Putter

    A mon avis, c’est assez logique que seule une moitié soit encroûtée … une fois au fond, une moitié est enfouie dans la vase et relativement protégée, l’autre émerge et peut être encroûtée par des bestioles. J’ai un peu le même problème avec les bouteilles qui ont séjourné dans des caves humides, en Belgique. Les plus abîmées ne sont en général corrodées que sur la face inférieure, qui reposait sur la terre battue … Le principe est le même , sauf que ça fonctionne dans l’autre sens. En mer, la vase peu oxygénée doit préserver le verre tandis que dans une cave, le sol humide et moisi l’abîme.

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