Demi-bouteilles continentales

English version below

La typologie des bouteilles françaises pose souvent problème parce que tous les bassins verriers ne sont pas parfaitement connus. A côté des champenoises-bourguignonnes du Nord, de la thévenotte de Folembray et des frontignanes du Bordelais, de nombreuses verreries ont produit, au 18ème et au 19ème siècle, des bouteilles que nous avons parfois un peu de mal à classer. La situation est plus complexe encore avec les demi-bouteilles, dont la morphologie plus ramassée ne permet pas d’observer tous les détails visibles sur les grandes bouteilles.

Je présente ici une sélection de 7 bouteilles, dont quelques-unes de provenances identifiées. Je les ai rangées par ordre décroissant du ratio [hauteur totale/hauteur du fût], sachant que ce rapport tend à diminuer avec le temps – ou en d’autres mots, que le fût s’élève et le col se raccourcit. Description de gauche à droite:

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  1. Demi-oignon belge, vers 1750 (?), hauteur 18.5 cm, verre clair ; marque inhabituelle à la piqûre : reste coupant (disque ou canne ?) + petit bourrelet.
  1. Demi-thévenotte (?), vers 1750, hauteur 19.5 cm, verre olive brun ; marque de canne à la piqûre ; fabrication : Folembray (?)
  1. Demi-bouteille à fût tronconique inverse, vers 1800 ; hauteur 22.5 cm, verre olive ; belle marque de canne à la piqûre ; Normandie (?)
  1. Demi-bouteille à fût tronconique inverse, vers 1800 ; hauteur 23 cm, verre olive ; marque de pontil nu avec résidus de verre ; sceau non identifié (Pomereu ?)
  1. Demi-bouteille à fût cylindrique et long col fin, vers 1800 ; hauteur 24 cm, verre très sombre (« noir ») ; marque de canne excentrée à la piqûre ; Normandie (?)
  1. Demi-« bordelaise », vers 1820, hauteur 24.5 cm, verre olive assez limpide ; marque de pontil nu dans une piqûre conique ; la répartition du verre est relativement homogène, contrairement aux bouteilles précédente, qui accusent un surpoids dans le bas de la bouteille ; Avesnois, Bordelais (?)
  1. Demi-champenoise, vers 1820, hauteur 24.5 cm, verre vert bouteille assez limpide ; marque de pontil nu dans piqûre asymétrique ; répartition homogène du verre ; Avesnois.

Il y a beaucoup d’incertitudes sur les provenances dans les infos qui précèdent … en revanche, les dates me paraissent raisonnablement certaines. Les deux dernières bouteilles témoignent clairement d’une fabrication semi-industrielle dans laquelle la répartition du verre est plus homogène et rationnelle. La champenoise (n°7) est sûrement soufflée dans l’Avesnois (elle provient d’un lot que j’ai acheté dans la région) tandis que la bordelaise (n°6) pourrait avoir été soufflée ailleurs.

Continental halves

The typology of French bottles is often problematic because not all industrial glass basins are well known. Besides the Champagne-Burgundy bottles in Northern France, the ‘thevenotte’ of Folembray and ‘frontignanes’ of Bordeaux, many glassworks produced, in the 18th and 19th century, bottles that are not so easily identified. The situation is even more complex with the half-bottles, whose more compact morphology does not allow observing all the visible details on bigger bottles.

I present here a selection of 7 bottles, some of which with known provenances. I have displayed them in descending order of the ratio [total height / height of the body], knowing that this ratio tends to decrease with time – or in other words, that the body rises and the neck length decreases.

Description below from left to right:

  1. Half Belgian onion, c. 1750 (?), Height 18.5 cm, clear glass; unusual mark at the push-up: sharp glass residue (disc or cane?) + small drop
  2. Half-thevenotte (?), c. 1750, height 19.5 cm, olive brown glass; blowpipe pontil scar; glasshouse: Folembray (?)
  3. Half-bottle with a flowerpot-shaped body, c. 1800; height 22.5 cm, olive glass; nice blowpipe pontil scar; Normandy (?)
  4. Half-bottle with a flowerpot-shaped body, c. 1800; height 23 cm, olive glass; bare pontil mark with glass residues; unidentified seal (Pomereu?)
  5. Half-bottle with cylindrical body and tall fine neck, c. 1800; height 24 cm, very dark (black) glass; eccentric blowpipe pontil scar; Normandy (?)
  6. Half-Bordeaux bottle, c. 1820, height 24.5 cm, rather clear olive glass; bare pontil mark in a conical push-up; the distribution of glass is relatively homogeneous within this bottle, contrary to previous bottles, which typically had a glass overweight in their bottom; Avesnois, Bordeaux (?)
  7. Half-champagne bottle, c. 1820, height 24.5 cm, rather clear green glass; bare pontil mark in asymmetrical push-up; homogeneous distribution of glass; Avesnois.

There is a lot of uncertainty about the provenance(s) of the bottles briefly described above … however, I’m pretty confident in the dates I propose. The last two bottles clearly show a semi-industrial production in which the distribution of glass is better controlled and hence more homogeneous. The champenoise (No. 7) was most probably blown into the Avesnois (N. France; it comes from a large lot I bought in this region) while the Bordeaux bottle (No. 6) could have been blown elsewhere.

3 réponses à “Demi-bouteilles continentales”

  1. Avatar de ADAM
    ADAM

    Belle représentation de demi-bouteilles du 18ème et 19ème siècle, j’aime bien cette dimension de bouteilles, j’en possède aussi quelques unes (Bordeaux, Bourgogne, Champagne, vin du Rhin), mon arrière grand-père soufflait dans les années 1920 des demi-bouteilles de Champagne. On les nommaient aussi chopines, malgré leur contenance elles n’étaient pas seulement vendu pour approvisionner les cabarets ou auberges, comme le prouve celle possédant ce beau sceau qui ressemble beaucoup effectivement à celui de la famille Pomereu.

  2. Avatar de BOILEAU
    BOILEAU

    Belle communication sur les 1/2 bouteilles françaises de différents types, que j’ai bien appréciée. Il faudra cependant que je la relise 2 ou 3 fois avant que j’arrive à m’imprégner correctement du sujet.
    Je continue, bien sûr, de travailler sur les bouteilles (de vins et alcools) « petits formats » (en gros : de 5 à 50/60 cl).
    J’ose me cantonner à la période 1750-1950, et je reste très prudent à ce jour, tant que mes petits chantiers seront en cours !
    Car le sujet est ardu, peu exploré et très mal documenté (au-delà des banalités habituelles).

    Le sous-chapitre du vocabulaire (terminologie), en particulier, est encombré de termes bizarres ou pseudo-régionalistes (?) ou franchement erronés, qui mériteraient une sorte de conférence de consensus !!!. Exemples :
    flacon, fiole, topette (tout court, ou « de fond »), essencier (???), plongeon,…,
    De même, la question de la datation (à 1/2 siècle près, soyons modeste) est une vraie « bouteille à l’encre. mais cette remarque n’est pas vraiment neuve quand on se hasarde à parler de verre « ancien ».

    PS : Thierry, pour notre gouverne à tous, pourrais-tu systématiquement indiquer le poids à vide et aussi la contenance mesurée (4 à 5 cm sous le haut du goulot) de tes bouteilles de référence ? Et pourquoi pas, coder à ton gré les exemplaires superbes présentés en photo ?.
    Je sais, c’est de la lourdeur en plus, mais çà permet de mettre un peu de rationalité dans ces recherches collaboratives, et d’inciter à un minimum d’échanges de points de vue entre « amateurs » plus ou moins éclairés….
    Merci d’avance, même si tu ne retiens pas toutes ces modestes suggestions.
    yvon boileau

  3. Avatar de Thierry De Putter

    Entendu Yvon, on va faire ça! J’aurais bien envie aussi de montrer quelques belles étiquettes, en tentant de les assortir à une bouteille choisie de la manière la plus judicieuse possible (âge de l’étiquette et de la bouteille; type de breuvage, etc). Qu’en penses-tu?

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